La liste indicative des Comores

La liste validée par L’UNESCO se trouve ici

NOM DU BIEN : Ecosystèmes marins de l’Archipel des Comores
Ngazidja, Ndzouani, Mwali

Description d’ensemble
Situé dans l’Océan Indien et le nord du Canal de Mozambique, les eaux qui baignent l’archipel des Comores se caractérisent par une diversité de faciès (rocheux, sableux, vaseux) et de profondeurs (de zéro à plusieurs milliers de mètres) qui ont permis l’implantation, la diversification et le développement d’espèces et d’écosystèmes marins complexes et originaux.

L’activité volcanique ininterrompue, depuis environ dix millions d’années, entraîne des interactions orogenèse-érosion dont le suivi permettra de mieux comprendre la mise en place de nombreux archipels volcaniques plus anciens (Hawaii). Ces processus géologiques sont complétés par une activité biologique d’édification de récifs qui contribuent à la géomorphologie des lignes de rivage. L’archipel des Comores présente une succession des différents stades d’évolution de la relation volcan-récif, telle que décrite dans leurs travaux fondamentaux par les fondateurs de la biologie évolutive, Wallace et Darwin (récif frangeant, récif barrière, lagon, subsidence, etc.).

Les mangroves forment la limite entre domaine terrestre et marin. Elles occupent des sols sablo-vaseux riches en alluvions. Les palétuviers se disposent selon une zonation allant de Soneratia (côté mer) à Avicennia, Rhizophora et Bruguiera (côté terre). Les mangroves comoriennes hébergent une biodiversité importante (huîtres, holothuries, crabes, périophthalmes). Les oiseaux aquatiques y sont nombreux et elles sont fréquentées par les dugongs.

Le milieu littoral comprend également des plages de sable coralliaire ou volcanique, des lagons et des récifs coralliaires. Ensuite, on trouve des zones abyssales plus ou moins profondes. Les espèces animales et végétales qui y vivent sont diversifiées, souvent endémiques et comprennent des espèces rares ou universellement menacées. Les sites proposés pour inscription constituent un échantillon de ces milieux, dont certains dans un état remarquable de conservation.

Description du Parc marin des Coelacanthes (élément 1)

La zone côtière et marine du sud-ouest de la Grande Comore (Ngazidja) constitue un site biologique d’importance mondiale. Dans les fonds marins des eaux territoriales, les grottes volcaniques (isobathe –300 m environ) abritent le fameux cœlacanthe (Latimeria chalumnae), fossile vivant, espèce endémique et menacée d’extinction qui présente un immense intérêt écologique et scientifique, à l’échelle mondiale.

L’intérêt de ce site est également lié à sa forte fréquentation par les baleines et les dauphins. Une portion de cette zone est reconnue comme un des sites importants de concentration et de reproduction de baleines aux Comores. Les données disponibles indiquent la présence d’au moins douze espèces de cétacés (Megaptera, Eubalaena, Balaenoptera, etc).

Description du Parc marin de Mohéli (élément 2)

Le parc marin de Mohéli occupe une superficie de 40400 ha dans la partie sud de l’île de Mohéli. Il s’étend de Mirigoni à l’ouest à Itsamia à l’est. Il inclut la ligne de rivage, ses plages, ses mangroves et les différents îlots de la zone. Le parc inclut également dix réserves de pêche. Entre le récif frangeant et la côte, le fond marin présente des formations à posidonies et autres angiospermes marines qui servent de pâturage aux dugongs, mammifère sirénien en voie de disparition. Les côtes de Mohéli sont, de tout l’Océan Indien, les plus fréquentées par les tortues marines pour leur reproduction. Le parc marin comprend également des îlots inhabités de différente taille, couverts de savanes à Hyparrhenaria et servant de colonies pour la reproduction d’oiseaux marins. Le plan d’eau lui-même abrite de très importantes colonies de madrépores, ainsi qu’une grande diversité d’invertébrés et de poissons représentative de cette partie de l’Océan Indien. Le site de Nioumachoua est encadré de chaque côté par des mangroves non exploitées. Les espèces végétales qui les composent appartiennent aux genres Rhizophora, Bruguiera, Avicennia, Lumnitzeria. Elles peuvent être séparées de la mer par un cordon de blocs de lave, originalité géomorphologique de Mohéli.

Description des Mangroves et lagon de Bimbini (élément 3)

Située à l’ouest de l’île de Ndzouani, la presqu’île de Bimbini comprend au niveau côtier un ensemble remarquable, constitué par différents types de mangroves, bordant un grand lagon limité dans l’Océan par un récif coralliaire. La diversité des mangroves et des espèces marines vivant dans le lagon en font un élément majeur de la conservation de la biodiversité côtière de l’archipel des Comores, différent et complémentaire de celui de Mohéli. L’ensemble côtier comprend également des plages, des herbiers et le marais de Pomoni. Les herbiers sous marins sont développés et servent d’habitats et de site d’alimentation pour de nombreuses espèces dont les tortues marines et les dugongs.

Cette zone côtière constitue également une ressource traditionnelle importante pour le village de Bimbini (aliments, matériaux). Cet ensemble nécessite une protection législative et une réhabilitation écologique pour faire cesser les effets de l’érosion terrestre, induits par les actions de défrichement sur la presqu’île.

JUSTIFICATION DE LA VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONELLE
Les trois éléments proposés sont représentatifs des différents milieux naturels littoraux et marins de l’archipel comorien. Pris dans leur totalité, ils constituent un ensemble de valeur universelle exceptionnelle, représentatif des formes de vie marine dans l’Océan Indien et le Canal de Mozambique et répondant aux critères (ix) et (x).

Critères remplis
Critères (ix) (x)

Le site des écosystèmes marins de l’Archipel des Comores, par son activité volcanique et coralliaire (récifale) constitue un exemple éminemment représentatif des processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux marins depuis la zone littorale jusqu’aux abysses du Canal de Mozambique et de l’Océan Indien Critère (ix)

Le site des écosystèmes marins de l’Archipel des Comores contient les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique marine et littorale, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation, comme les palétuviers (Rhizophora, Bruguiera, Sonneriata, Avicennia, Euclea mayottensis), les lieux de ponte des tortues marines (Chelonia mydas, Eretmochelis imbricata), les habitats des dugongs (Dugong dugon) et ceux du rarissime Coelacanthe (Latimeria chalumnae), de nombreux coraux dont Anthipastes sp., le corail noir, et les sites de reproduction de nombreux cétacés (Megaptera, Eubalaena, Balaenoptera, etc.).

Critère (x)

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

L’Etat comorien s’engage à faire le nécessaire pour qu’au moment de l’inscription, ce site soit en conformité avec les conditions d’intégrité et d’authenticité exigés.

Le bien proposé répond déjà à la plupart des conditions d’intégrité nécessaires pour la mise en œuvre de la convention :

Les sites concernés contiennent la totalité ou la plupart des éléments principaux connexes et interdépendants de la zone littorale et marine des Comores, dans leurs rapports naturels.

Les processus biophysiques et les caractéristiques des écosystèmes marins de l’archipel des Comores sont relativement intacts. L’archipel étant utilisé par des communautés humaines depuis plus d’un millénaire, ces écosystèmes côtiers ont été et sont encore des zones importantes pour l’alimentation et la fourniture de matériaux (bois d’œuvre, pierres de récif), ce qui ne les empêche pas d’être dans un état dynamique remarquable, conservant leurs qualités fonctionnelles et structurelles. Les sociétés traditionnelles et les communautés locales ont manifesté leur volonté de se développer en harmonie avec la valeur universelle exceptionnelle de ces aires qui sont écologiquement durables.

Les sites concernés contiennent la totalité ou la plupart des composantes d’écosystèmes nécessaires à la conservation des espèces animales et végétales et des communautés concernées.

Les sites concernés sont assez étendus pour assurer la sauvegarde et la reproduction des espèces menacées et contiennent tous les éléments indispensables à la survie de ces espèces : les éléments proposés pour inscription rassemblent les différents faciès littoraux caractéristiques de l’archipel des Comores, des ses récifs coralliens et les différents types de mangroves de l’archipel. La zone abyssale contient les principaux éléments caractéristiques de l’habitat des coelacanthes et de nombreuses espèces pélagiques. Les sites concernés contiennent la totalité des éléments nécessaires à l’illustration des principaux aspects de l’évolution biologique des taxons concernés et à leur reproduction autonome. Il s’agit bien de conservation in situ.

Les trois éléments de sites proposés sont les biens les plus importants pour la conservation de la diversité biologique littorale et marine de l’Archipel des Comores. Ils présentent une forte diversité biologique et une forte endémicité. Ils sont tout à fait représentatifs des communautés végétales et animales qui se sont développées dans cette partie de l’Océan Indien. Ils contiennent les habitats garantissant le maintien d’un maximum de diversité animale et végétale caractéristique de l’écorégion des Comores et de l’Océan Indien (végétation littorale, herbiers côtiers, récifs coralliens, zones de ponte et de reproduction des poissons, reptiles marins, oiseaux et mammifères marins).

Une partie du bien subit actuellement des effets négatifs ayant leur origine dans l’accroissement de la pression anthropique (élément 3). Il s’agit d’une part de la prolifération de déchets domestiques qui ont des effets négatifs sur la faune du lagon et sur la qualité de l’environnement, et des effets de l’érosion pluviale qui provoque une siltation des récifs coralliaires et perturbe le développement des mangroves. Tous ces effets négatifs peuvent être fortement réduits ou supprimés par des actions adéquates qu’il convient de planifier.

Mesures législatives à caractères réglementaires et contractuelles pour la protection
Le bien proposé dispose actuellement d’une protection législative générale à long terme dans le cadre des lois N° 94-018/AF du 22 juin 1994 et N° 95-007/AF du 19 juin 1995.

Tous les éléments du bien ne disposent pas actuellement d’un cadre réglementaire de protection (décret de création) ou de plans de gestion destinés à assurer l’intégrité de leurs valeurs naturelles.

Le parc marin de Mohéli (élément 2) est défini et protégé par le Décret N° 01-053/CE
Il est de la volonté du gouvernement comorien d’apporter une solution rapide à cette lacune et de mettre en œuvre des programmes socio-économiques d’accompagnement qui garantiront la pérennité du bien dans le respect du développement humain.

Les éléments n° 1 et n° 3 sont en cours d’inscription à l’inventaire des sites naturels de l’Union des Comores.
Hormis l’élément n° 2, la zone centrale de ces éléments n’est pas encore définie par des documents officiels.
Aucune zone tampon n’est encore définie pour ces trois éléments par des documents officiels.

Comparaison avec des biens similaires :

1. Y a t-il des sites nationaux de même type susceptibles d’avoir une valeur équivalente ou supérieure et non mentionnés dans la liste indicative ?
Il n’existe pas, sur le territoire de l’Union des Comores, de sites côtiers ou marins ayant une valeur supérieure à celle de ces trois éléments, en matière de diversité biologique et de conservation.

2. Y a t-il des sites étrangers de même type déjà inscrits et susceptibles de faire « double-emploi » avec le site proposé ?

Les parcs marins sont peu nombreux sur la liste du Patrimoine mondial. Parmi ceux existant, on peut citer la Grande Barrière de Corail (Australie) ou la barrière de corail de Bélize. Il n’y a actuellement aucun site représentatif des formations littorales et marines de l’Océan Indien et du Canal de Mozambique.

Le site proposé présente en outre l’originalité de ne pas se limiter à des récifs coralliens, mais présente un échantillon diversifié des milieux côtiers et marins de l’Archipel des Comores. En particulier, ce site est le seul site du Patrimoine mondial qui propose la conservation de milieux marins « profonds » (-300 m) constituant l’habitat d’une espèce particulièrement importante pour la biodiversité et pour la science, le Coelacanthe (Latimeria chalumnae).


Paysage culturel agroforestier du Karthala
Ecosystème terrestre de Mohéli
Ecosystèmes des Hauts d’Anjouan

Description d’ensemble

L’archipel des Comores constitue un exemple éminemment représentatif des processus géologiques en cours. Son origine volcanique et son âge (entre –3,5 et -2 millions d’années selon les îles) en font une des terres émergées les plus récentes de notre planète. Sa disposition spatiale permet de le considérer comme une illustration particulière de la théorie des « points chauds » (ligne de progression depuis les volcans du N-W de Madagascar et de Nossi-Bé, avec rotation des plaques). Ce qui fait également l’originalité des Comores, c’est de pouvoir, sur une distance horizontale de quinze kilomètres environ, présenter un étagement complet de milieux naturels d’une diversité exceptionnelle, allant des profondeurs abyssales de -3.000 m à des sommets montagnards de 2360 m. Une telle situation est exceptionnelle dans l’Océan Indien et rare au niveau mondial.

Les écosystèmes terrestres de l’Archipel des Comores constituent une écorégion originale « les Forêts des Comores AT0105 » qui relève des forêts tropicales et subtropicales humides à feuilles larges (Tropical and Subtropical Moist Broadleaf Forests) dont les caractéristiques varient selon les îles, selon les expositions et les altitudes.

Il en résulte des paysages de beauté exceptionnelle : contraste mer-montagne, pentes abruptes et accidentées couvertes de végétation exubérante, cascades et canyons, plages et récifs.
L’archipel des Comores étant habité de façon continue par des communautés humaines depuis plus de mille ans, les pentes des îles sont le lieu d’une fusion d’éléments naturels et culturels qui se traduit par l’intégration des zones de culture agroforestières dans l’environnement forestier naturel, constituant un paysage culturel vivant remarquable.

L’analyse de la faune et de la flore terrestres fait apparaître un grand nombre d’espèces, de sous-espèces et de genres endémiques pour lesquels les Comores constituent les habitats naturels ou exclusifs (Coelacanthes, Roussettes de Livingstone, oiseaux, lézards, orchidées) ou les plus importants de l’Océan indien (Tortues marines, dugongs).

Description des Ecosystèmes du Mont Kartala (élément 1)
Le Kartala est un volcan quaternaire dont le massif couvre une partie importante de l’île de Ngazidja. Avec sa caldeira de trois kilomètres de diamètre, c’est le plus grand cratère des volcans en activité dans le monde.

La forêt du Kartala commence vers 1000 m d’altitude. C’est une forêt de type humide et montagnarde, avec des étages de forêt pluviale et de forêt à brouillard (néphélophile). La partie haute comprend des landes à Philipsia (bruyères) et des pelouses herbacées vers 2000 m. La forêt du Kartala présente un intérêt global en raison de sa diversité exceptionnelle et du fort taux d’endémisme de ses espèces végétales et animales.

Elle abrite plusieurs formations végétales spontanées en fonction de l’exposition et de l’altitude. Certains de ses écosystèmes sont des réserves très riches en biodiversité et abritent plusieurs espèces endémiques et menacées (Khaya comorensis, perroquet noir).

Description du Paysage culturel agroforestier du Kartala (élément 2)
L’utilisation pluriséculaire des ressources forestières et agricoles des pentes du Mont Kart hala, en particulier sur sa façade ouest (Iconi, Moroni, Itsandra) a eu pour premier effet la disparition de la forêt pluviale primaire et son remplacement par une organisation originale du paysage forestier. Sur les parties basses du volcan, les communautés villageoises ont développé un mode de culture associant étroitement les productions forestières (bois, plantes médicinales) et les productions alimentaires (tarots, manioc, bananiers, manguiers, cocotiers, autres arbres fruitiers). Il en résulte une production structurée en trois étages principaux : un étage supérieur composé de grands arbres qui sont soit des essences sauvages, soit des manguiers, des cocotiers, etc. ; un étage intermédiaire avec des bananiers, papayers et autres arbustes ; et un étage inférieur avec différents légumes comme le manioc, le tarot, la canne à sucre, etc. Ces cultures respectent un couvert forestier qui traditionnellement limite efficacement l’érosion pluviale. Les cultures sous forêt sont structurées par des sentiers, bordées de murets de pierres sèches (blocs de lave) et de petites terrasses.

Sur les hauts du volcan, dans la zone de pelouses qui succède aux bruyères Philipsia, des zones de culture ont été établies par endroits, produisant divers légumes. Cette zone est cependant plus utilisée pour un élevage bovin extensif qui a pour effet de maintenir le paysage ouvert et de fumer le sol, entretenant sa productivité.

Ce paysage agro-forestier est géré par les agriculteurs et les comités de village. Il conserve une certaine stabilité et ne semble pas générateur d’érosion.

L’évolution altitudinale des formations végétales est complétée par une évolution selon l’exposition : la façade ouest du volcan est plus arrosée que la façade est et celle-ci présente donc des formation plus adaptées à des milieux relativement secs.

L’absence de voies automobiles et l’éloignement des pentes a protégé ce massif forestier et lui ont permis de conserver une intégrité fonctionnelle et structurelle jusqu’à présent.

Description de l’Ecosystème terrestre de Mohéli (élément 3)
Les écosystèmes terrestres remarquables de Mohéli comprennent une forêt de crête et un lac. Une forêt naturelle est implantée sur la crête montagneuse de Mzé Koukoulé qui traverse Mohéli d’ouest en est. Elle s’étend du canyon du Gnombeni à l’est (plateau du Djandro) jusqu’à Haouabouchi à l’ouest. Cette forêt est une forêt pluviale, avec en altitude un étage de forêt à brouillard. Cette zone est riche en espèces arborées mais aussi en espèces épiphytes (lichens, fougères, orchidées), en palmiers et lianes y compris plantes d’intérêt aromatique et médicinal.

Cette forêt pluviale constitue le réservoir et le point de départ des rivières qui creusent de profondes vallées (3 à 400 m de haut). Les plus importantes sont celles de Drondoni-Foungui, de Fomboni et de Gnombeni.

La forêt de Mohéli abrite des espèces animales remarquables (roussettes, makis, lézards). Elle est, en particulier, le site inattendu de nidification d’un oiseau marin menacé : le puffin d’Audubon (Puffinus lheminieri) qui y niche au sol dans des terriers. Il y a également dans cette forêt de Mohéli une très petite population (une dizaine d’individu) de la rarissime Roussette de Livingstone.

Au sud-est de l’Ile de Mohéli, entre Nioumachoua et Itsamia, le lac de cratère de Dziani-Boudouni est le seul grand plan d’eau douce des Comores (classé liste de Ramsar). Il abrite une importante colonie (1 % de la population mondiale) de grèbes castagneux (Tachybaptus ruficollis). Des canards et de nombreux autres oiseaux migrateurs fréquentent aussi ce plan d’eau qui joue un rôle important dans les migrations australes vers Madagascar, en particulier.

Description des Ecosystèmes des Hauts d’Anjouan (élément 4)
En raison des défrichement importants qu’a subi l’île de Ndzouani suite à la forte pression démographique et à l’absence de plan d’occupation des sols, les milieux forestiers de l’île ont été dégradés et actuellement il ne subsiste de lambeaux forestiers originels que sur les plus hauts sommets et les pentes les plus fortes. Cela se limite à environ 500 hectares de forêts naturelles de type ombrophile (pluvial) et néphélophile (brouillard), entourant le Mont N’Tringui, et le Mont Trindini, ainsi que le site de Lingoni qui abrite une petite population de Roussettes de Livingstone. Le Mont Ntringui présente un intérêt élevé en terme de biodiversité puisqu’il abrite des espèces endémiques et menacées d’extinction. On observe une très grande richesse en orchidées, en sélaginelles, en fougères arborescentes et en bruyère arborescente. On y trouve deux espèces de chauves souris géantes endémiques : la Roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii et Pteropus seychellensis var. comorensis), le Founingo des Comores ou Pigeon bleu, plusieurs espèces d’oiseaux, et de reptiles.

Le système forestier de Ndzouani est complété et diversifié par deux petits lacs de cratères (lacs Dzialandzé et Dzialaoutsounga) dont les plans d’eau accueillent des poissons d’eau douce, des oiseaux de passage et qui hébergent dans leur proximité une petite population de Roussette de Livingstone (classée sur la liste rouge de l’UICN)

JUSTIFICATION DE LA VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONELLE

Les quatre éléments proposés sont représentatifs des écosystèmes les plus représentatifs des milieux naturels terrestres de l’archipel comorien y compris de leurs interactions avec le mode de vie des populations. Pris dans leur totalité, ils constituent un ensemble de valeur universelle exceptionnelle, représentatif de l’écorégion des forêts comoriennes, répondant aux critères (v), (viii) (ix) et (x).

Critères remplis
(v) (viii) (ix) (x)

(v) Le paysage culturel et écosystèmes terrestres de l’Archipel des Comores constitue un exemple éminent de l’utilisation traditionnelle du territoire par des pratiques agro-forestières, représentatives de la culture comorienne et de l’interaction humaine avec l’environnement, maintenant devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible (démographie et modernisation des modes de vie) critère v ;

(viii) Le paysage culturel et écosystèmes terrestres de l’Archipel des Comores constitue un exemple éminemment représentatif des processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphologiques ou physiographiques ayant une grande signification (cycle orogenèse /érosion), comme le phénomène éruptif des points chauds et la construction biologique de récifs coralliens et des lagons critère viii ;

(ix) Le Paysage culturel et écosystèmes terrestres de l’Archipel des Comores constitue un exemple éminemment représentatif de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres des peuplements insulaires du Canal de Mozambique et de l’Océan Indien, constituant l’écorégion Forêt des Comores (AT0105) critère ix ;

(x) Le Paysage culturel et écosystèmes terrestres de l’Archipel des Comores contient les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique terrestre de l’Archipel, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation (orchidées et fougères endémiques, lézards endémiques du genre Phelsuma radiation insulaire oiseaux des genres Nesillas et Dicrurus, Roussettes géantes de Livingstone, etc.) critère x ;

Déclarations d’authenticité et / ou d’intégrité

L’Etat s’engage à faire le nécessaire pour qu’au moment de l’inscription, ce site soit en conformité avec les conditions d’intégrité et d’authenticités exigés.

1.Authenticité du bien

En ce qui concerne plus particulièrement le paysage culturel agroforestier du Karthala proposé et le critère (v), on peut estimer que ce bien satisfait aux conditions d’authenticité car ses valeurs culturelles continuent de s’exprimer à travers les usages et fonctions propres à ce paysage culturel évolutif vivant qui a son implantation spatiale et ses propres traditions, techniques et systèmes de gestion qui en font l’originalité et la valeur universelle exceptionnelle.

2.Intégrité du bien

Le bien proposé répond déjà à la plupart des conditions d’intégrité invoquées pour la mise en œuvre de la convention :

Les éléments proposés contiennent la totalité ou la plupart des éléments principaux connexes et interdépendants des habitats naturels terrestres des Comores, dans leurs rapports naturels.

Les processus biophysiques et les caractéristiques des écosystèmes terrestres de l’archipel des Comores sont relativement intacts. L’archipel étant utilisé par des communautés humaines depuis plus d’un millénaire, ces écosystèmes terrestres ont été et sont encore des zones importantes pour la vie et le développement des populations, ce qui ne les empêche pas d’être dans un état dynamique remarquable, conservant leurs qualités fonctionnelles et structurelles.

Les sociétés traditionnelles et les communautés locales ont manifesté leur volonté de se développer en harmonie avec la valeur universelle exceptionnelle de ces aires qui sont écologiquement durables.

Les éléments proposés contiennent la totalité ou la plupart des composantes d’écosystèmes terrestres nécessaires à la conservation des espèces animales et végétales et des communautés concernées dans le cadre de l’écorégion « Forêts des Comores ».

Les éléments proposés sont assez étendus pour assurer la sauvegarde et la reproduction des espèces menacées et contiennent tous les éléments indispensables à la survie de ces espèces : les éléments proposés pour inscription rassemblent les différents habitats terrestres caractéristiques de l’écorégion Forêt des Comores, tenant compte des variations d’altitude et d’exposition des versants. Les éléments proposés contiennent la totalité des éléments nécessaires à l’illustration des principaux aspects de l’évolution biologique des taxons concernés et à leur reproduction autonome, en particulier pour les espèces menacées. Il s’agit bien de conservation in situ.

Les éléments proposés sont les biens les plus importants pour la conservation de la diversité biologique terrestre de l’archipel des Comores et présentent une forte diversité biologique et une forte endémicité. Ils sont tout à fait représentatifs des communautés végétales et animales qui se sont développées dans cette partie de l’Océan Indien, compte tenu de leur âge récent (moins de trois millions d’années). Ils contiennent les habitats garantissant le maintien d’un maximum de diversité animale et végétale caractéristique de l’écorégion Forêt des Comores (forêts ombrophiles et néphropexies, landes et pelouses sommitales, zones humides plans d’eau douce, etc. zones de reproduction de plusieurs espèces d’oiseaux menacés et de mammifères volants en voie de disparition).

Une partie du bien subit actuellement des effets négatifs ayant leur origine dans l’accroissement de la pression démographique. Il s’agit essentiellement de phénomènes informels de défrichement dans certaines zones de relief, et de la prolifération d’espèces végétales envahissantes qui menacent certaines zones naturelles. Tous ces effets négatifs peuvent être fortement réduits ou supprimés par des actions adéquates qu’il convient de planifier.

En ce qui concerne plus particulièrement l’intégrité du paysage culturel proposé dans ce site et le critère (v), on peut déclarer que :

Le paysage culturel agroforestier du Kartala possède tous les éléments nécessaires pour exprimer la valeur universelle exceptionnelle du bien ;

Le paysage culturel agroforestier du Kartala a une taille suffisante pour permettre une représentation complète des caractéristiques et processus qui transmettent l’importance de ce paysage culturel évolutif vivant

Le tissu physique du paysage culturel agroforestier du Kartala et / ou ses caractéristiques significatives sont en bon état.

Une proportion importante des éléments nécessaires à la transmission de la totalité des valeurs du paysage culturel agroforestier du Kartala existe.

Les relations et les fonctions dynamiques présentes dans ce paysage culturel, essentielles à leur caractère distinctif sont également maintenues.

Le paysage culturel agroforestier du Kartala étant le résultat d’un mode d’exploitation traditionnel, il ne subit pas d’effets négatifs particuliers liés au développement ou au manque d’entretien.

Mesures législatives, à caractère réglementaire et contractuelles pour la protection

La protection générale des biens naturels et aires protégées de l’Union des Comores s’effectue dans le cadre des lois N° 94-018/AF du 22 juin 1994 et N° 95-007/AF du 19 juin 1995.

La protection des biens culturels s’effectue dans le cadre de la loi N° 94-022 du 27 juin 1994.

Aucun des quatre éléments proposés n’est actuellement inscrit à l’inventaire des aires protégées de l’Union des Comores.

La zone centrale de ces éléments est en cours de délimitation. Des zones tampon compléteront ces éléments et seront définies par des documents officiels.

Comparaison avec des biens similaires :
1. Y a t-il des sites nationaux de même type susceptibles d’avoir une valeur équivalente ou supérieure et non mentionnés dans la liste indicative ?

Les quatre éléments proposés pour constituer le site paysage culturel et écosystèmes terrestres de l’Archipel des Comores sont les plus représentatifs et les mieux conservés de l’Union des Comores. Afin d’en accroître la diversité et la représentativité, ils sont répartis sur les trois îles de l’Union.

2. Y a t-il des sites étrangers de même type déjà inscrits et susceptibles de faire « double-emploi » avec le site proposé ?
La zone proposée pour inscription appartient à l’écorégion « Forêt des Comores » (AT0105).

Celle-ci est limitée à la partie terrestre de l’Archipel des Comores. De ce fait, il n’existe actuellement aucun site du patrimoine mondial inscrit dans cette catégorie.


NOM DU BIEN
Sultanats historiques des Comores
Etat, Province ou Région
Ngazidja, Ndzouani

Description d’ensemble

Les données archéologiques font remonter au VIII ème siècle le peuplement des Comores par l’homme, à partir de la côte orientale d’Afrique. Cependant l’histoire reste mal connue jusqu’au XIIIème siècle, où des shirazi, venus vraisemblablement de Kilwa, s’allièrent aux autochtones par des mariages et fondent des clans de sultanats et dominèrent les chefferies traditionnelles.

Le patrimoine culturel immobilier comorien est constitué notamment de sites archéologiques du XIIIème et XVIème siècle, pour les plus connus, de palais royaux, d’édifices religieux, de fortifications et de places publiques. Ces dernières, bien qu’elles existent également à Anjouan, diffèrent par leur conception architecturale de ceux de Ngazidja, lesquelles l’accès se fait par deux portes monumentales en maçonnerie, décoré de symboles. Iconi et Itsandra Mdjini sont les villes qui détiennent le plus de bangwe et de portes monumentales.

Les cinq villes présentées ici, certes de tailles sensiblement différentes, présentent le même ensemble architectural intérieur et extérieur dans leur espace bâtis, de ruelles étroites, de portes sculptées, de mosquées, de palais, de murailles de défense, de mausolées et d’espaces publiques. Elles ont été, aux mêmes époques de l’histoire des sultanats, reliés par des liens sociaux et familiaux ou séparés par des petites guerres internes de pouvoir.

Description de la Médina de Mutsamudu (élément 1)

Mutsamudu, petite cité maritime du XIVème siècle, est une ville très condensée, avec des ruelles très étroites et parfois couvertes. La vieille ville ou Médina comprend un ensemble de bâtiments d’habitation et de commerce, des palais princiers, des lieux de culte et des tombeaux de personnages politiques ou religieux. Cet ensemble est structuré par des ensembles de ruelles très étroites, généralement parallèles au rivage, reliées par des escaliers perpendiculaires. Les édifices ont subi diverses modifications, depuis leurs établissements à partir de XIVème siècle. Les palais dont celui de Ujumbé, réunissent toutes les caractéristiques architecturales traditionnelles. Les murailles qui protégeaient la ville contre les incursions n’existent qu’en quelques endroits.

La vieille ville de Mutsamudu possède une citadelle construire de 1782 à 1789 sur la colline de Sinéjou qui domine la ville. Cette forteresse est entourée d’une muraille crénelée et percée de meurtrière flanquée d’un donjon de deux tours carrées qui selon Gevrey (1867) était surmonté d’un mât de pavillon. A proximité du Fort, dominant la ville s’élève une petite chapelle catholique de style hispanique. Une série d’escaliers de 280 marches relient la citadelle au palais.

Description de la Médina de Domoni (élément 2)

Domoni est l’un des villages ancestraux du XIIème siècle. Elle possède encore des vieilles demeures princières d’une extraordinaire beauté. Un palais construit vers le XIIIème siècle est assez bien conservé. D’autres palais, dont trois du XVIème siècle, ont gardé leurs magnifiques panneaux à niches et leurs plafonds polychromes. Les murailles de défense subsistent encore un peu partout autour de la ville et recoupent la presqu’île qui protège le port.

Description de la Médina d’Itsandra (élément 3)

Itsandra Mdjini est l’une des petites cités maritimes du XIVème siècle. Berceau de la civilisation swahilie, elle fut longtemps la capitale de Ngazidja et était dotée du premier port maritime. Cette ville regorge aujourd’hui de plusieurs attraits historiques et touristiques : une forteresse construit au XVIIème, reliée à la ville par une allée munie d’escaliers et bordée de part et d’autre d’une muraille de 130 mètres de long. Quelques morceaux de remparts qui entouraient la ville fortifiée, parsemés de trous d’observation, restent toujours visibles. On y trouve le Chingo nyamba, maison à toiture sous forme de carapace de tortue, du XIIIème ; la maison du Saint, Al Habib Omar Bin Sumet et plusieurs mosquées qui s’étalent du XIVème au XIXème siècle.

La ville possède également plusieurs places publiques, du XVIIème et du XVIIIème siècle, entourées de portes monumentales et de bancs en maçonneries.

Description de la Médina d’Iconi (élément 4)

Un des villages ancestraux du XIIème siècle, Iconi fut, bien avant la ville d’Itsandra, la capitale de l’île. Les ruines du palais des sultans de Bambao se dressent encore à cinq mètres de la mer. Sur le sommet de la colline se dressent encore les murs d’enceinte où se réfugiaient les habitants en cas de guerre. La ville regorge de ruines d’anciens palais et de places publiques bordées de portes monumentales très décorées.

Description de la Médina de Moroni (élément 5)

Moroni, crée au XIVème siècle, est resté la capitale des temps modernes. La ville a perdu certains de ses monuments, transformés pour l’administration ou complètement rasés pour faire place à des nouvelles constructions pendant la période coloniale. Néanmoins, on trouve encore d’anciens palais, bien que toujours habités par des descendants de familles royales, qui ont pu gardé un certain cachet de l’époque des sultans. Dans le noyau central, la médina, les vieilles maisons de deux, de trois ou de quatre niveaux, sont collées les unes aux autres, ne laissant que des petites ruelles d’à peine un mètre, parfois couvertes. Plusieurs demeures gardent encore leurs belles portes sculptées en relief et les dalles de plaques de lave reliées au mortier de chaux, posées sur des poutrelles en bois décorées. Les vieilles mosquées, souvent de petites tailles, se comptent par dizaines, dans la médina. La mosquée de Vendredi, dont le mihrab porte la date de 880H/14/26, a subi de nombreuses modifications et des additions par adjonctions de salles accolées dans le sens de la largeur. La partie ancienne est reconnaissable par les poutres peintes de son plafond et par les colonnes polygonales.

L’ensemble constitué par la mosquée de vendredi et le port aux boutres constitue un exemple très caractéristique de la vie insulaire des Comores.

JUSTIFICATION DE LA VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONELLE

Les (cinq) éléments proposés contiennent les ensembles architecturaux les plus représentatifs de l’influence des sultanats comoriens et de leurs interactions au cours de l’histoire, ainsi que du mode de vie des populations comoriennes dans ces cités-états. Ils constituent pris dans leur totalité un ensemble de valeur universelle exceptionnelle représentatif de la culture comorienne et de son influence dans l’Océan Indien, en Afrique, dans le monde arabe et la civilisation swahilie, répondant aux critères (ii) (iv) et (v).

Critères remplis
(ii) (iv) (v)

(ii) Les Sultanats historiques des Comores témoignent d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée [du 10ème au 18ème siècles] dans le nord du Canal de Mozambique (aire swahilie), sur le développement de l’architecture et la planification des villes
critère (ii) ;

(iv) Les Sultanats historiques des Comores (du XIVème au XIXème siècle) offrent un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural illustrant une période ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine ;
critère (iv)
(v) Les Sultanats historiques des Comores constituent un exemple éminent d’établissement humain traditionnel et d’utilisation traditionnelle du territoire, représentatif de la culture comorienne et de son interaction humaine avec l’environnement, devenu vulnérable sous l’impact des mutations irréversibles du mode de vie moderne critère (v) ;

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

L’Etat comorien s’engage à faire le nécessaire pour qu’au moment de l’inscription, ce site soit en conformité avec les conditions d’intégrité et d’authenticité exigés.

1. Authenticité du bien

Ceci devra être présenté sous la forme d’une déclaration d’authenticité. (Selon le type de patrimoine culturel et son contexte culturel, on peut estimer que les biens satisfont aux conditions d’authenticité si leurs valeurs culturelles (telles que reconnues dans les critères de la proposition d’inscription) sont exprimées de manière véridique et crédible à travers une variété d’attributs, y compris :
• forme et conception ;
• matériaux et substance ;
• usage et fonction ;
• traditions, techniques et systèmes de gestion ;
• situation et cadre ;
• langue et autres formes de patrimoine immatériel ;
• esprit et impression ; et
• autres facteurs internes et externes).

2. Intégrité du bien

Ceci devra être présenté sous la forme d’une déclaration d’intégrité.

a) Les Sultanats historiques des Comores possèdent tous les éléments nécessaires pour exprimer la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
b) Les Sultanats historiques des Comores ont une taille suffisante pour permettre une représentation complète des caractéristiques et processus qui transmettent l’importance de ce bien ;
c) Les Sultanats historiques des Comores subissent des effets négatifs liés au développement et/ou au manque d’entretien.

Pour les biens proposés pour inscription selon les critères (i) à (vi),
• le tissu physique du bien et / ou ses caractéristiques significatives doivent être en bon état,
• l’impact des processus de détérioration doit être contrôlé.
• Il doit exister une proportion importante des éléments nécessaires à la transmission de la totalité des valeurs que représente le bien.
• Les relations et les fonctions dynamiques présentes dans les paysages culturels, les villes historiques, ou les autres propriétés vivantes essentielles à leur caractère distinctif doivent également être maintenues.

Mesures législatives, à caractère réglementaire et contractuelles pour la protection
Les Sultanats historiques des Comores bénéficient de la protection de la loi n° 94-022 portant protection du patrimoine culturel national, complété par les lois N° 94-018/AF du 22 juin 1994 et N° 95-007/AF du 19 juin 1995

Les éléments ne sont pas inscrits à l’inventaire des monuments historiques de l’Union des Comores.

La zone centrale des éléments n’est pas définie par les documents officiels.

La zone tampon des éléments n’est pas définie par les documents officiels.
Cependant, l’Etat comorien s’engage à faire le nécessaire pour qu’au moment de l’inscription, ce site soit protégé par des mesures législatives, réglementaires et contractuelles.

Comparaison avec des biens similaires :

1. Y a t-il des sites nationaux de même type susceptibles d’avoir une valeur équivalente ou supérieure et non mentionnés dans la liste indicative ?
Les cinq villes mentionnées dans les sultanats historiques des Comores sont les plus importantes et les plus représentatives des Comores. Il n’y a pas d’autres sites équivalents ou supérieurs non mentionnés.

2. Y a t-il des sites étrangers de même type déjà inscrits et susceptibles de faire « double-emploi » avec le site proposé ?

Dans le même contexte de la civilisation swahilie, ont déjà été inscrites les villes de Zanzibar et de Lamu.

3. En quoi les Sultanats historiques des Comores diffèrent-elles de ces villes et qu’apportent-elles au patrimoine mondial de nouveau ?

Les sultanats historiques des Comores bien qu’ils s’inscrivent dans la civilisation swahilie, portent néanmoins des caractéristiques spécifiques aux Comores intimement liées entre autres aux sultans batailleurs, à la protection contre les invasions malgaches, à l’occupation de l’espace et à la vie sociale dominée par le grand mariage. La forme spécifique des palais, le style de l’architecture intérieure, les remparts, les portes monumentales des places publiques
constituent une contribution originale et unique au patrimoine mondial.


NOM DU BIEN
Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune

DESCRIPTION :

Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune est un paysage culturel évolutif vivant qui conserve un rôle social actif dans la société contemporaine, et qui demeure étroitement associé au mode de vie traditionnel des populations rurales comoriennes et dans lequel le processus évolutif continue.

La culture de plantes à parfums est une caractéristique majeure de l’exploitation économique de l’archipel des Comores et en particulier d’Anjouan. Mise en place par les colons français, la production d’huiles essentielles et de produits odorants est une culture de rente qui a fortement marqué la structure agricole de l’île, s’inscrivant durablement dans son paysage. Cela concerne en particulier la culture de l’ylang-ylang, arbre dont le cycle de production est très long, qui a marqué le paysage d’Anjouan et lui a apporté un élément de caractérisation durable. Cette activité qui occupe beaucoup l’espace et ses ressources naturelles comprend des plantations d’arbres (ylang-ylang, girofle, bigarradier, bergamotiers, etc.) ou de plantes à parfum (citronnelle, jasmin, géranium, basilic, vanille, etc.), mais également les zones forestières nécessaires à la production du bois pour la distillation, les zones de distillation (alambic) et de stockage (magasin, maison du planteur). La zone de production de plantes à parfum occupe une surface importante de l’archipel et particulièrement de l’île d’Anjouan. Elle constitue toujours une activité essentielle pour une fraction importante de la population. Elle a contribué à la réputation de l’Archipel des Comores dans le monde et représente de ce fait une œuvre combinée de la nature (pentes, forêt, eau) et des hommes (modes de culture, essences introduites) résultant en un paysage culturel original de valeur exceptionnelle et universelle.

La mise en place de ce paysage culturel et de son assise spatiale résulte, en grande partie, de l’histoire du groupe « Société Comores Bambao » dont les contours et l’étendue du domaine avaient pour limites, en 1907, l’extrémité sud-est de Jimlime et, comme ils englobaient les terrains de Gombeni, Bonali, Bambao, Dziani, Marahani, Bambao Mtruni, l’autre limite était la presqu’île de Nyumakele (voir carte en annexe). En plus du domaine de Bambao (6286 ha), la SCB poursuivit sa politique d’appropriations à Anjouan, avec la récupération des Domaines de Mpomoni (5043 ha) et de Patsy (2204 ha). Avant 1927, les surfaces des terres de la SAGC-SCB constituaient déjà plus du tiers de la superficie totale de l’archipel. Cette concentration de la SCB sur les îles ne se réalisa pas sans problèmes, notamment à Anjouan où il ne restait plus de terres agricoles disponibles pour les villageois.

II est important de souligner l’importance que la France accordait au secteur agricole des huiles essentielles (ylang-ylang. jasmin, basilic, bigaradier...) destinées à la parfumerie de luxe. Il n’est pas exagéré de dire que l’Archipel des Comores, et particulièrement Anjouan, a aussi contribué à l’essor remarquable de l’industrie des parfums, en France. Ce pays, devenu premier producteur mondial de parfum en quantité et en qualité est resté, depuis l’introduction des plantes à parfum, le premier partenaire des planteurs installés aux Comores.
On considérera que la limite des concessions coloniales mentionnées ci-dessus pourrait constituer les limites de la zone tampon du site. La zone centrale serait constituée par les parcelles les plus représentatives de ce paysage culturel.

JUSTIFICATION DE LA VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONELLE
Critères remplis
(ii) (iv) (v) .

(ii) Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune témoigne d’un échange d’influences considérable pendant la période coloniale (fin 19/20ème siècle), ayant pour conséquence la création d’un type de paysage nouveau dans l’archipel des Comores, suite à l’introduction par les colons d’un mode d’agriculture intensive et d’occupation des sols, dont la mise en place et le fonctionnement ont abouti à la création d’un paysage de plantation et à l’introduction des pratiques de défrichement et de déforestation systématique qui ont fortement influencé le panorama d’Anjouan. critère (ii) ;

(iv) Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune offre un exemple
éminent d’un type de paysage illustrant la période coloniale, période significative de l’histoire humaine, avec l’introduction de la monoculture intensive dans l’archipel et le développement des cultures de rente, système de production clé du mode d’exploitation colonial

critère (iv) ;

(v) Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune constitue un exemple éminent de l’utilisation traditionnelle du territoire, représentatif du mode de vie rural comorien aux 19 et 20ème siècles et de son interaction avec l’environnement, spécialement quand celui-ci, sous l’impact d’une mutation irréversible, est devenu vulnérable (concurrence des produits de synthèse, pression démographique)

critère (v) ;

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
L’Etat s’engage à faire le nécessaire pour qu’au moment de l’inscription, ce site soit en conformité avec les conditions d’intégrité et d’authenticités exigés.

1.Déclaration d’authenticité

L’Etat comorien estime que le Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune satisfait les conditions d’authenticité dans la mesure où leurs valeurs culturelles continuent de s’exprimer, en particulier en ce qui concerne :
• leurs usage et fonction ;
• les traditions, techniques et systèmes de gestion de ces plantations ;
• la situation géographique et le cadre de ces domaines ;

La protection du Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune pourrait contribuer aux techniques modernes d’utilisation viable et de développement des terres tout en conservant un couvert de type forestier qui améliore et rappelle les valeurs naturelles du paysage forestier originel.

2.Déclaration d’intégrité

On peut considérer qu’actuellement le Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune :

a) possède tous les éléments nécessaires (plantations et domaines agricoles, bâtiments et installations) pour exprimer sa valeur universelle exceptionnelle et, en particulier, les éléments nécessaires à la transmission de la totalité des valeurs que représente le bien.
b) est d’une taille suffisante pour permettre une représentation complète des caractéristiques et processus qui transmettent l’importance de ce bien (la quasi totalité des plantations de ce type font partie des limites du bien proposé) ;
c) conserve des caractéristiques significatives en bon état ;
c) subit peu d’effets négatifs liés au développement et/ou au manque d’entretien et l’impact des processus de détérioration doit être contrôlé dans le cadre du futur plan de gestion et de développement du site ;
d) est cependant menacé par d’une part la baisse des cours des huiles essentielles concurrencées au niveau mondial par les produits de synthèse et, d’autre part par la démographie importante qui mobilise les terres pour des productions plus rémunératrices.

On peut donc considérer que les relations et les fonctions dynamiques, présentes dans le Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune et essentielles au maintien de leur caractère distinctif, sont maintenues.

Mesures législatives, à caractère réglementaire et contractuelles pour la protection

Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune bénéficie de la protection de la loi n° 94-022 portant protection du patrimoine culturel national.

Le paysage considéré étant un ensemble d’exploitations agricoles relevant du droit privé ne bénéficie pas actuellement de protection particulière de la part de l’Etat..

La délimitation du site (zone centrale et périphérique) donnera lieu à un arrêté définissant les mesures de conservation et de protection nécessaires au maintien des qualités de ce paysage culturel.

Comparaison avec des biens similaires :

1. Y a t-il des sites nationaux de même type susceptibles d’avoir une valeur équivalente ou supérieure et non mentionnés dans la liste indicative ?
Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune, tel que proposé pour inscription constitue l’ensemble comorien le plus représentatif de ce type de paysage.

2. Y a t-il des sites étrangers de même type déjà inscrits et susceptibles de faire « double-emploi » avec le site proposé ?

Aucun paysage culturel spécialisé dans la production de plantes à parfum n’est actuellement inscrit sur la liste du Patrimoine mondial.

Il est, par ailleurs, assez rare au niveau mondial de constater une telle densité de plantations de plantes à parfum, occupant une aussi forte proportion du sol de cette petite île. Il est donc improbable de trouver un site comparable par la taille, par la spécialisation et par l’impact paysager et humain.

L’importance des plantes à parfum dans toutes les cultures du monde n’est plus à démontrer que ce soit sur les plans esthétique, spirituel ou thérapeutique. Ce fait a été reconnu par la Convention du Patrimoine Mondial par l’inscription des itinéraires d’échange de l’encens de sa zone de production (la péninsule arabe) vers les zones d’utilisation (La route de l’encens, 1010, Oman, 2000 ; Route de l’encens, villes du Néguev, 1107, Israël, 2005).